Notes Livres

L'aube sans fin

Jacques Morin, Décharge, mars 2024

Tous les matins, Lydia Padellec écrit un poème. Daté donc. C’est comme un journal. Un rituel. Mais elle ajoute une autre contrainte qu’on observe en suivant les titres, celle d’un abécédaire.

Est-ce compatible ? Apparemment, puisque ça fonctionne, ça coulisse. Mais plusieurs axes peuvent être distingués dans cette succession de pages d’une dizaine de vers tout au plus chaque fois.

D’abord avec le titre du premier texte : « Aménorrhée ». La femme qui s’interroge sur son présent, son devenir, mon ventre – à jamais vide. Ou plus loin, son âge : …quarante-quatre / l’âge de la déraison. Ou encore : mes mains de petite fille vieillie. Cet aspect personnel, intime, donne du poids au recueil et rend l’autrice plus attachante. Elle parle en présentation du recueil d’une période délétère et d’un quotidien solitaire entre lucidité et peur de sombrer dans la folie. (...)

Enfin dire un mot de la forme : poèmes courts, étroits, « entrecoupés de tirets ». Ce qui donne un aspect haché, haletant, propre à souligner cette quête aiguë de sincérité mais aussi montrant une difficulté du souffle. Un poème titré « Inspiration » parle de pneumothorax.


La Maison morcelée / An Ti didammet



Délicieux gouffre 

Marie-Josée Christien, Spered gouez  n°29, octobre 2023

La Lune bleue, alliée à l’association Trouées poétiques, aime innover et expérimenter. Dans la nouvelle collection Duo L illustrée en couverture par la plasticienne LaOdina, sont assemblés tête bêche deux courts recueils de deux poètes, un homme et une femme, ayant une thématique commune : scènes amoureuses inspirées par des tableaux de peintres des 19e et 20e pour Lydia Padellec, longs poèmes nostalgiques déclinés au fil des souvenirs pour Gilles Fortier.

Agnès Valentin, février 2024

J'ai lu et relu avec joie "Délicieux gouffre", c'est une très belle idée celle du tableau comme source d'inspiration poétique, c'est enthousiasmant de passer d'un tableau à l'autre. Dans une écriture sensuelle et poétique, vous nous embarquez dans tous les états de la rencontre et du désir au travers des corps. Les chairs s'effleurent, se frottent, s'étreignent, s'unissent, se possèdent, se dévorent... C'est beau et si vivant !
"Ce que tes lèvres me disent" de Gilles Fortier, dans un long poème saisissant, aborde un amour et comment il  s'inscrit durablement dans la chair et notamment les lèvres. C'est aussi très sensuel.
Ce duo est très complémentaire et très beau.

Haijin (album jeunesse)

Une jolie critique sur le site de Ricochet


Article paru dans la revue NVL, Nouvelles du livre jeunesse n°234, décembre 2022

(cliquez pour agrandir)

Sur le blog "You can read", un bel article de Nadge, passionnée par la culture japonaise :


Depuis décembre 2022, de beaux retours par les lecteurs de Babelio :


Danièle Duteil , L'écho de l'étroit chemin n°41, novembre 2022

Publié aux éditions du Jasmin, Haïjin  offre à lire un album jeunesse écrit sous forme d'un haïbun, joliment illustré par Corinne Demuynck. Couleurs tendres et délicatesse du trait jalonnent le parcours de Yuki, jeune japonaise qui arrive en Bretagne après avoir quitté son pays meurtri par la catastrophe de Fukushima. Là, sur les côtes atlantiques, elle devient amie avec Clara, ravie de découvrir une culture qu'elle ignore encore. 
La chambre de Yuki recèle bien des merveilles, origami, peluches multicolores et poupées vêtues de kimonos. Bientôt les deux fillettes se produiront ensemble pour la fête des poupées. A cette occasion, elles auront le plaisir de déguster les fameux gâteaux de riz qui agrémentent les grands moments, et Clara s'essaiera même à l'art du haïku !

Brise marine -
sur la pelouse s'échappe
l'ombre d'un cerf-volant

Lydia Padellec a mis à profit son séjour à Rambouillet, en résidence d'écrivain, pour écrire cet album plein de fraîcheur. Sa lecture permettra d'initier, d'agréable façon, les plus jeunes aux us et coutumes du Japon. Et, pourquoi pas ? à l'écriture de haïkus.
En attendant, Haïjin fera merveille parmi les présents déposés au pied du sapin !    
 
La guitare dans l'arbre suivi de Il neige sur la mer 

Marie-Josée Christien , Nuits d'encre, Spered Gouez n°28, octobre 2022

Au cœur du premier ensemble, il y a « l'absent sans paroles » , le fantôme persistant d'un amour brisé dont le souvenir continue à hanter les lieux familiers du poète, l'oubli qui ne vient pas. Dans les premiers poèmes, Lydia Padellec évoque le mécanisme insidieux qui se met en place quand « nous ne parlons plus / la même langue » , la distance qui s'installe entre les amants. Dans « la déchirure d'un rêve / qui peu à peu se dissipe » , il reste une sensation de défaite irrémédiable. L'absence et le vide s'énoncent en mots simples. La répétition en leitmotiv indique que la rupture s'annonce définitive : « l'absent erre entre les frontières secrètes » ,« Ulysse ne reviendra plus » , « Il ne reviendra pas / l'amour des trente ans » . Les sentiments et les émotions s'expriment dans un registre métaphorique, cependant que les objets du quotidien (la bouilloire, les lampes, la chambre, les écrans, un banc, la guitare) marquent un ancrage dans le réel. Le poème se fait compact sur la page. Les mots sont implacables, sans appel, pour dire « l'essaim du souvenir » . Le premier volet se clôt sur « le fil du poème / ouvert et incandescent » . Puis vient le temps d' « élaguer la mémoire » , de se réapproprier le silence « lumineux comme une nuit / de neige » .Dans le deuxième ensemble, le poème se fait plus concis, s'arc-boute sur les mots essentiels et paradoxalement s'aère et respire : « la mer apaise l'amertume / de l'âme dévastée » .

Georges Cathalo , Itinéraires non balisés N°10, Terre à ciel, octobre 2022

Pour inaugurer son enseigne éditoriale, Hervé Martin a choisi de publier Lydia Padellec avec une manière de journal intime attestant la rupture et l'absence. Après avoir été « au bras d'un ange / aux ailes coupées » , elle se retrouve défoulée quand « naufragée des étoiles / notre âme s'évanouit / dans leur chute » . Avec Lydia Padellec, le milieu marin n'est jamais bien loin pour évoquer la nage et le naufrage : « Atrophiée du cœur / je nage en eaux troubles » . À partir d'un simple constat, « Nous ne parlons plus / la même langue » et « nous avons vieilli » , Lydia semble résignée puisque « lui, l'absent sans paroles », le compagnon tant espéré, cet « Ulysse ne reviendra plus » . Une petite musique nostalgique résonne encore dans la mémoire comme « La guitare dans l'arbre, désaccordée / s'ensilence et s'éloigne à tout jamais » . La consolation viendra comme souvent de la fidélité et de la permanence maritime : « La mer console, la mer blessée / ne pleure pas, ne pleure plus » . Les poèmes de la 2° partie du livre sont plus courts, moins intimes mais plus énigmatiques avec de troublantes interrogations devant la mer, la neige et le silence : « Une petite fille / qui me ressemble / traverse en courant / ma mémoire fragmentée » . Il lui faudra alors attiser les braises de la ferveur pour« partir en quête de poésie » .

Chantal Couliou , Portulan bleu n°39, octobre 2022

Un recueil en deux parties : la première est consacrée à l'homme aimé en allé avec sa guitare et ses chansons. L'auteure se console au bord de la mer, à travers les mots et la poésie qui lui permet de prendre du recul. Pas de pathos dans ce recueil. La rupture, une rupture qui fait mal, qui laisse des traces mais qui permet aussi la réflexion et la reconstruction. C'est peut-être cela qui fait le sel de la vie : savoir que rien n'est éternel, que les amours peuvent mourir et d'autres voir le jour.
Il s'agit de transformer la douleur, le chagrin en une force qui permettra de renouer avec le bonheur. Rien ne nous console de ces fractures de la vie, de ces pertes mais nous devons les approuver pour avancer, pour retrouver le goût à la vie.
Nous avons vieilli/et avec nous les rêves/d'une voie nouvelle-/ les lampes la nuit/n'effacent pas les caresses/un rire parfois réveille/mais ce n'est que le vent/qui claque contre le vent./
L'auteure fait son deuil d'un enfant possible, les années passant et le cours des choses reprend sa place : le sang est revenu.
Deux mois jour pour jour/après le dernier appel,/le sang est revenu/à quoi joue ce corps/qui ne peut enfanter?/
La seconde partie intitulée Il neige sur la mer fait t-elle table rase de cet amour enfui ? Est-ce la neige qui recouvre la guitare dans l'arbre ? La neige en recouvrant tout permet t-elle un nouveau départ. Tout est blanc, vierge ainsi l'auteure prend son envol, renoue avec le désir et la vie reprend ses droits.
Tu plongeras tes mains/souillées d'encre/dans le visage de la neige/ et du bout des ongles/tu sentiras/ les battements de la terre.

*

Chambre en Elle 

Jacqueline Saint-Jean, Spered Gouez n°28, octobre 2022

Chambre intérieure, insulaire, chambre des métamorphoses, où se vit une traversée éprouvée…

Malgré les précisions de dates, d'horaires, de détails quotidiens, ce journal intime est surtout envahi, habité par un imaginaire, parfois onirique, révélateur de tourments intimes.

Une menace pesante, jamais nommée, assaille l'être, réveille la peur, qui « prend à la gorge avec ses pattes de cantharide », engendre une submersion émotionnelle profonde. Les dates d'écriture font penser à la sidération collective émises par les attentats de novembre 2015 et janvier 2015, et à Cicatrice de l'avant-jour où surgit l'insoutenable « nuit de sang ».

Littéralement submergée, donc, car l'imaginaire se nourrit de la langue courante, l'écriture est aux prises avec une eau invasive, qui pénètre peu à peu la chambre, l'armoire, le corps, le cerveau. « Elle » lutte, ne veut pas « devenir eau », la refuse dans tous ses états, pluie, neige, glace, mer. Figure d'une angoisse de retour à l'indifférencié, d'une dissolution intérieure où l'on perd ses repères, où l'on ne peut plus avancer. Le corps se transforme, flotte, gonfle, les règnes se mêlent, il y perd ses plumes, l'animisme s'éveille, « la peau craquelle comme un vieux coquillage ». L'armoire s'emplit de palourdes, la chambre rétrécie, les livres se font sable, le corps doit se réfugier dans « un nid provisoire » au plafond.

L'écran noir de l'ordinateur met la scène en abyme, avec l'ombre qui rôde, et la petite fille, si présente dans l'œuvre de l'auteure, surgit dans l'espace assiégé, avec ses mauvais rêves, sa poupée, ses jeux de cairn, puis dans la lettre qui suit ce journal, qui proteste contre ce monde noir « d'insouciance perdue », « d'innocence bafouée ».

La perte des mots et du sang marque ces bouleversements, l'écriture s'éteint, sera différée…

Une relecture, sur perçoit l'ambivalence symbolique de cet imaginaire des eaux. Les signes de recommencement pointent au fil des pages. La lune cyclique, les seins qui gonflent, le soleil « qui chasse la mélancolie », les gestes de résistance, creuser, gratter, le 8, le « ventre octuplé », les « bourgeons qui poussent sur le ventre », les accalmies, « l'appétit des heures pleines et lentes », les paroles de poètes, le printemps qui vient, le poème où elle se vide de son eau par tous les pores, telle Alice qui pleure toutes les larmes de son corps dans sa mare, ou la parturiente, quand perdre les eaux prélude à toute naissance, tout suggère une gestation lente, une sortie de ces mois d'impuissance. Au final, la chambre s'ouvre sur la blancheur du possible, le sang et les mots frémissent, la vie revient.

Un livre très prenant, où l'imaginaire, par ses visions étonnantes, éclaire les transformations de l'être à travers les épreuves réelles de l'existence.

Mémoires d'une enfant dérangée 

Martine26 , lectrice sur Babelio, 12 janvier 2022

Ne vous fiez pas au titre de cette longue nouvelle de Lydia Padellec, parue aux éditions Lunatique. Personne n'est "dérangée" ici ou alors pour le meilleur uniquement.
Louna a 8 ans. Elle est née un 8 juillet à 5h25. Elle adore l'été et profite de ses longues journées pour faire la grasse matinée. Même si paradoxalement elle n'aime pas les grandes vacances d'été, trop longues à son goût.
Ce monologue, car c'en est un et des plus surprenant, la fillette (mais l'est-elle encore ?) le partage en toute sincérité et authenticité. Elle s'appelle Louna mais aurait très bien pu se prénommer autrement. Elle a 8 ans, ou peut-être pas. On ne sait pas vraiment et c'est tant mieux. Au fil des pages, cette voix nous parle de l'enfance, nous questionne, nous assène certaines vérités. Elle nous confie de ses rêves et aussi ses envies, ce qui l'amuse ou la contrarie, ce qu'elle ne voudrait pas connaître et encore moins savoir.
L'atout de ces quelques pages, c'est la sensibilité qui y affleure, presque à vif. Et surtout la poésie, la tendresse, les émotions qui se dégagent de ces mots. Comme une puissante injonction à rester en enfance, à refuser de grandir, à se laisser porter.
C'est un texte d'une grande beauté que nous offre Lydia Padellec. Et je vous invite vivement à le découvrir et à vous en imprégner. Tout comme je l'ai fait.

Article de Marie-Josée Christien paru dans ArMen 244, septembre/octobre 2021



Sur Agence Bretagne Presse (mars 2021)



Sur les lèvres rouges des Saisons - Les métropolitains 

Jacques Morin , Décharge 185 (mars 2020)

On retiendra de ce recueil de par son sous-titre la forme : haïku, tanka et haïbun. Une bonne manière de réviser sa littérature japonaise. Poème de trois vers, celui-ci pour son incongruité et son non-conformisme : Caressant ma jambe / le chat pète / mine de rien.  Versez le haïku. Tanka : poème de cinq vers. Cet autre : Trois jours / que les feuilles de magnolia / tombent / Trois jours / que j'attends ton texto.  Lydia Padellec suit les saisons à ce rythme précis où la flânerie le litige au détail pittoresque. Haïbun enfin où se mélangent proses horizontales et poèmes verticaux. Mis en place dans l'autre partie du recueil : Les métropolitains .Où l'auteur observe avec tendresse les passagers du métro de toutes origines, en jouant sur le nom des stations qui évoquent le monde également. 

Dominique Zinenberg, Francopolis (février 2019)

C'est à partir de trois formes poétiques japonaises – le haïku, le tanka et le haïbun – que s'élabore le recueil de poèmes de Lydia Padellec. L'influence de la tradition nippone croise l'influence bretonne ou parisienne. L'exotisme formel permet le regard renouvelé, candide et de fine observation du quotidien français. La poésie naît de cet écart subtil entre deux cultures et la sensibilité singulière de la jeune femme fait le reste. Dans Sur les lèvres rouges des Saisons, l'année commence en automne et se termine en été. Tout vibre et vit d'une vie concrète et signalée d'une ambiance musicale, d'une culture littéraire, nichée dans l'ombre, et tapie sous la tempe créant un dehors de feuilles qui tombent du fait de l'automne, de pages que je

La suite : 
http://www.francopolis.net/revues/NotesLecture-D.Zinenberg-JanFev2019.html 

Cicatrice de l'Avant-jour 

Marie-Hélène Prouteau, Terres de Femmes (juillet 2022)

Lydia Padellec déplace et brouille les repères et les lieux vers l’autre cadre géographique, celui de Paris. Les signes, tels « la musique s’est tue », « la nuit/qui d’un coup vif/s’abat sur la ville », se mêlent pour dire le pire. Le pire, avec ces attentats de Paris 2015, ne serait-ce pas l’irruption du tragique de l’Histoire qui percute ici la conscience ? Le pire, ne serait-ce pas que le mal existe et qu’il nous plonge dans la sidération ?

Le vers « Capitale de la douleur », avec la reprise explicite du titre de Paul Eluard convoquant la seconde guerre et son cortège d’horreurs, semble le laisser entendre. C’est comme si le poème avait pour but de cerner la blessure et de conjurer quelque chose qui alarme au plus profond. « La cicatrice » - le mot revient de façon récurrente- sera-t-elle possible ? La douleur semble gravée à vif, à l’image de ce qui est imprimé sur le cuivre de la graveuse Marie Alloy. D’étranges signes troublent le lecteur. Ainsi, « ta camisole ». Ainsi, la « solitude » extrême de cette enfant du silence qui fait penser à  L’Enfant de la haute mer de Jules Supervielle.


Marie-Josée Christien , Spered Gouez 25 (octobre 2019)


Ce livre de poésie, lauréat du prix Saint-Quentin-en-Yvelines des collégiens en 2019, prend appui sur l'horreur du massacre au Bataclan et dans divers lieux de Paris en novembre 2015. Le surgissement de la terreur et de la barbarie a réveillé les inquiétudes et les angoisses. On retrouve ici des thèmes déjà présents dans les livres précédents de l'auteur et sa capacité à se relier au passé par le présent, puisant dans la lecture des poètes, parfois peu connus, qui nous ont précédés (Valentine Penrose et Hélène Cadou par exemple , à qui elle dédie deux poèmes).
  A l'heure des bilans, entre bonheurs et regrets, Lydia Padellec revisite son enfance de « petite fille sans allumettes » dans la nuit nostalgique de ses souvenirs. Elle convoque « le sourire de l'aïeule / et sa main ridée », qui la guide avec bienveillance sur la voie difficile, hésitante et sinueuse qui mène de l'enfance à l'âge adulte. Déroulant « un chemin de pensée / comme des rouleaux / de mer compacts / rongés de l'intérieur », sa mémoire en clair-obscur hésite à trouver du sens à son itinéraire avide de « mots transis » et de poésie, mais aussi rongé par l'inquiétude et le doute. Cicatrice de  l'Avant-jour, qui donne son titre au livre, est une partie charnière où s'entrevoit la hantise d'un naufrage ou d'un drame latent, tapi dans les profondeurs inaccessibles de sa mémoire, où « les mots ont un goût / de cendre ».
  Mais la nuit s'est abattue sur Paris qui « a pris / son visage / de méduse ». Les cris de la fête se sont mêlés aux rafales de mitraille. Quand « la musique s'est tue / étouffée par les griffes / de la bête immonde », l'insoutenable inquiétude pour l'homme aimé, présente cette nuit-là dans le quartier où se déroule la tragédie, la tourmente. Cette Nuit de sang (titre de la 4ème partie), rupture avec l'insouciance perdue à jamais, amorce peut-être la nouvelle saison qui mettra « de l'ordre dans nos quatre vérités ». Car elle dit la force du « poème / brisant le roc / de nos peurs ».
 Les gravures de Marie Alloy, aux couleurs d'aube et de crépuscule pour les premières, de sang et de cendre pour les dernières, striées de failles, lacérées d'entailles, accompagnent à merveille les cinq parties du livre. 

Murielle Compère-Demarcy , La Cause littéraire (septembre 2019)


La sobriété de la poésie de Lydia Padellec coule au fil limpide des pages comme une source vive, discrète et profonde, charriant dans son lit silencieux le cri de sa douleur. Sa profondeur est celle des eaux souterraines et de résurgence, en résonance avec notre traversée spontanément laborieuse du vécu et de la rencontre difficile avec ses abîmes, son flux opiniâtre à poursuivre sa route malgré le cours parfois obstrué de barrages, obstacles, effondrements, béances ( « sur le chemin semé / de ronces et de doutes »). Cours quelquefois interrompu par l'ouverture d'une brèche – surgissement d'un événement tragique – nous abandonnant au bord du chemin, sur le bord du vide entre vertige et anéantissement, avec nos blessures, nos plaies, une Cicatrice de l'Avant -jour. Le titre de l'opus évoque le bouleversement provoqué par les événements tragiques de novembre 2015 à Paris ; ses poèmes au cœur de l'humain transcrivent le traumatisme :Dans la nuit profonde du jour , pour la première partie, avant le Chant de la dernière nuit (II), puis le trauma proprement dit, Cicatrice de l'Avant-jour (III), suivis de Nuit de sang (IV) et de La brûlure des cendres (V).


Philippe Thireau, Recours au poème (février 2019)


 L'avant-jour est l'ultime chant de la nuit blanche. Lydia Padellec, poète, auteure notamment de Et ce n'est pas la nuit, paru aux éditions Henri en 2013, signe aujourd'hui un recueil des moments suspendus d'une nuit d'été finissant entre musique et musique : celle d'un groupe de rock semant au Bataclan le 13 novembre 2015, celle de la mitraille d'un groupe semant la désolation parmi les spectateurs et flâneurs. Impactée, Lydia Padellec décrit l'obscur, force du réveil, dans un recueil superbe, Cicatrice de l'Avant-Jour, qu'Al Manar édite, comme le fruit ultime et espéré d'une branche formée des six milliards d'humains. 

La suite via ce lien :  https://www.recoursaupoeme.fr/pascal-boulanger-trame-anthologie-1991-2018-suivie-de-lamour-la-lydia-padellec-cicatrice-de-lavant-jour/ 

Hervé Martin , Terre à ciel (novembre 2018)



Cicatrice de l'Avant-jour  est né du vif bouleversement qu'auront provoqué les tragiques et meurtriers attentats du 13 novembre 2015 dans le for intérieur de l'auteure.
De Cinq- ensembles composé aux titres Marqués par les mots  nuitcicatricebrûlure  OU  Cendre  au Versant du sens inquiétant Qu'ils évoquent, le livre Cinquantaine de juin rassemble poèmes. Écrits sous l'émotion et laissés ici tels des stigmates creusés aux plis du corps, ils sont désormais indélébiles. De très belles gravures de Marie Alloy accompagnent les ensembles comme en un hommage vif, coloré pour certains du rouge d'une émotion douloureuse.
Le livre me semble marqué par une gravité singulière et intime qui s'ajoute à celle impensable des événements meurtriers. Elle focalise chez le poète les inquiétudes et les angoisses qu'auront réveillées la violence et l'horreur dans le surgissement imprévisible de la mort.
Tu tombes sur la pierre /l'empreinte de l'insecte / tes peurs d'enfants / prises dans la toile / te hantent encore /...
L'ouvrage est parsemé de nombreuses citations et dédicaces, comme si le poète souhaitait rassembler l'amitié autour d'elle et rappeler les valeurs essentielles qui guident son existence.
De l'enfance qui s'éloigne dans la proximité d'une grand-mère qui fut aimée et essentielle pour Lydia Padellec, jusqu'à la limite de la mort qui se profile au lointain dans le dernier ensemble, la poète traverse les strates de l'angoisse et cette conscience vive de vivre.
Entre parenthèses / Notre vie s'écoule / Trace des silences / Comme des cercles / dans la cendre.
Au cœur de sa réflexion elle s'interroge sur le désir profond qui conduit sa vie,
Que cherches-tu / à traverser cette nuit étale
Puis inventorie dans la succession des poèmes les rives de la nuit peuplées parfois des monstres noirs de l'enfance.
.../ la nuit cogne /contre les meubles / tu ne l'entends pas / contre toi elle se glisse / dans les draps froids/...
Un univers onirique se développe alors dans les poèmes témoins de ces moments tourmentés et une mélancolie s'installe qui annexera l'humeur des jours qui suivront ce drame.
La mer écartelée geint / d'une rumeur noire - /
Il transparaît dans les pages que ces événements ont été un véritable choc pour Lydia Padellec. Face à l'horreur, ces attentats entraînent le poète dans une traversée de la solitude. Une inquiétude vive naît aussi pour les proches et l'aimé.
Où es-tu mon amour/ la musique s'est tue/ étouffée par les griffes/ de la bête immonde/...
Le mot  amour  dans les poèmes de l'ensemble  Nuit de sang  est reprise comme un leitmotiv dans un ressassement qui exprime une angoisse grandissante et la crainte de sa mort.
Avec cette horrible tragédie délimitant les frontières funestes et les valeurs de la vie, quelque chose a choisi de grave a surgi qui a changé le monde et l'existence même de la poète, à jamais dans sa chair.
L'hirondelle est partie / Et ne reviendra pas / Son chant s'est éteint / Et l'innocence perdue / Je regarde derrière moi / Le chemin s'est brisé
https://www.terreaciel.net/Lectures-d-Herve-Martin?fbclid=IwAR0OsmXmavL6antj_iRj0P95KNFq1Qw9nRbUh0RhkpjX9lcvXQEU5UGv3EE#.W98CEpNKiUl 

Jacques Morin,Décharge n ° 179, p.135 (octobre 2018)


 Il y a tout un entrelacs de thèmes, de pôles et d'axes dans la poésie de Lydia Padellec. D'abord un personnage récurrent, enfant ou petite fille, avec un arrière-goût de mélancolie ; elle peuple chaque page de la maison, dans les chambres / fermées à clef . Ensuite deux éléments se lient tout au long du recueil : la lune et la nuit, qui se chamaillent sans cesse entre ombre et lumière. La nuit verse son obole / dans la gamelle du chien S'ajoute en fond pour achever le triangle, en un bruit sourd et continu, la mer A l'assaut de la lune / tu te prends les pieds / dans le filet de la mer Un insecte progresse également au long du livre, il s'agit d'un scarabée comme un emblème maléfique, avant une métamorphose en méduse. Il y a aussi lesengelures de varech et les rides / – rictus du temps - , et des mots hermétiques comme mérules (champignons de maison) ou kanjis (caractères chinois). Enfin après « La nuit du sang », qui rappelle le massacre du Bataclan en novembre 2015, vient « Cicatrice de l'Avant-jour » qui donne le titre à l'ensemble. L'angoisse et l'insomnie devant l'amour perdu dans l'horreur nocturne, et à la fin le poème / brisant le roc / de nos peurs

DUOS, 118 jeunes poètes Christophe Bregant, Recours au poème (avril 2019)


Avec son format 1529.5 cette anthologie dirigeX à bien par Lydia Padellec, quia la regrettée Maison d'édition de La Lune bleue, présente ici des auteurs nés après 1970, dont certain(es) sont devenu(e)s des montant étoiles de la poésie francophone… This anthologie dresse le panorama d'une jeune génération d'auteurs francophones contemporains et réussit son pari qui est « d'ouvrir des chemins », pour reprendre les mots de la préface. Elle nous présente des poètes aux voix diverses qui ont dépassé les écoles de pensée de même que les frontières, « comme une multitude d'étincelles ». 


Marie-Josée Christien, Spered Gouez n°24 (octobre 2018)
Qui sont les poètes de la génération née entre 1970 et 1990 ? A la seule lecture des revues actuelles, il est bien difficile d'avoir une vue d'ensemble. Malgré quelques prix réservés aux moins de trente ans, les signes de reconnaissance en poésie sont souvent tardifs. En outre, l'actualité mise en avant plutôt ceux qui appartiennent au monde du spectacle, les « performeurs » se trouvera probablement en nombre disproportionné dans la représentation que nous faisons des poètes en émergence. C'est dire si le panorama proposé par Lydia Padellec est bienvenu. Elle-même issue de cette génération, poète, éditrice et organisatrice d'un festival de poésie, et de ce fait légitime à mener cette recherche qui l'a mobilisée quatre années, Lydia Padellec a établi sa sélection de poètes, aussi subjectif soit- elle comme toute sélection, sur des critères précis, dont leur engagement actif en poésie et leur édition à compte d'éditeur. Son anthologie se distingue par deux partis pris pertinents : ses Duos sont ancrés dans la francophonie, et non dans notre seul territoire hexagonal, et composés dans la stricte parité entre hommes et femmes. Elle n'est pas exhaustive, mais pas restrictive non plus. Tous les styles et tendances y sont représentés sans exclusion ni suprématie, du lyrisme au haïku, de la poésie du quotidien à la « performance », expérimentations visuelles ou sonores et supports de nouvelles technologies. Si, à l'instar de leurs aînés, beaucoup de ces poètes ont un métier qui les rend indépendants, une partie non négligeable se tourne vers des activités liées à l'écriture (ateliers d'écriture, animations, spectacles, résidences d'écriture , édition de livres d'artistes). Il est bien sûr trop tôt pour savoir si les voix présentes tiennent leurs promesses, mais sans nul doute, beaucoup de ces 118 poètes resteront parmi ceux qui comptent en ce début de siècle expérimentations visuelles ou sonores et supports de nouvelles technologies. Si, à l'instar de leurs aînés, beaucoup de ces poètes ont un métier qui les rend indépendants, une partie non négligeable se tourne vers des activités liées à l'écriture (ateliers d'écriture, animations, spectacles, résidences d'écriture , édition de livres d'artistes). Il est bien sûr trop tôt pour savoir si les voix présentes tiennent leurs promesses, mais sans nul doute, beaucoup de ces 118 poètes resteront parmi ceux qui comptent en ce début de siècle expérimentations visuelles ou sonores et supports de nouvelles technologies. Si, à l'instar de leurs aînés, beaucoup de ces poètes ont un métier qui les rend indépendants, une partie non négligeable se tourne vers des activités liées à l'écriture (ateliers d'écriture, animations, spectacles, résidences d'écriture , édition de livres d'artistes). Il est bien sûr trop tôt pour savoir si les voix présentes tiennent leurs promesses, mais sans nul doute, beaucoup de ces 118 poètes resteront parmi ceux qui comptent en ce début de siècle.

Claude Vercey, Décharge ID n ° 781 (octobre 2018) http://www.dechargelarevue.com/ID-no-781-De-la-jeune-poesie-de-langue-francaise.html?fbclid=IwAR3vdYXGGY7Nm8GPOeYXFzuf8QaxRn49X62-d_PlyWiuzFSroPOH6Q87zck 

Cécile Guivarch, Terre à ciel (juillet 2018)

Duos, 118 jeunes poètes de langue française né(e)s à partir de 1970 , Anthologie dirigée par Lydia Padellec, Bacchanales n°59, Revue de la Maison de la poésie Rhône-Alpes.

118 jeunes poètes de langue française, donner ainsi la place aux voix émergentes - ou déjà émergées mais trop peu citées dans les anthologies de poésie. Celle-ci a été préparée avec soin par Lydia Padellec qui a fait un formidable travail de recension. Cela permet de rendre compte du panorama de la jeune poésie d'aujourd'hui. Ces poètes qui ont lu leurs aînés et qui continuent de transformer la poésie. Cours poèmes, proses, à chacun son style, à chacun son binôme. Le souhait de Lydia Padellec pour une parité parfaite : 118 poètes = 59 femmes et 59 hommes. Duos, poèmes mis en regard. Poètes de langue française vivant aux quatre coins du monde. Nés entre 1970 à 1992. Chacun à rendre la poésie vivante et plus que jamais présente dans le paysage littéraire. Langues qui créent la langue, habitent la grammaire et le quotidien, à la fois rebelles et attentifs au monde, à la nature. Un très beau travail qui a trouvé place dans un bel écrin : le n°59 des Bacchanales de la Maison de la poésie Rhone-Alpes. Quelques noms, présents ou pas encore dans Terre à ciel : Sophie Loizeau, Etienne Paulin, Marlène Tissot, Pierre Soletti, Albane Gellé, Moëz Majed, Myriam Eck, Jean-Marc Flahaut, Sabine Huynh, Sylvain Thévoz, Jasmine Viguier, Emmanuel Flory, Valérie Canat de Chizy, Simon Martin, Maïa Brami, Thomas Vinau, Amandine Marembert, Romain Fustier, Cécile Guivarch, Armand Dupuy, Lucie Taieb, Antoine Mouton, etc.


Georges Cathalo, Texture  (juin 2018)


Allez, prenez-en le pari : dans les décennies à venir, cette anthologie servira de référence en matière de connaissance de la poésie vivante. Elle est le fruit d'un long et délicat travail de bénédictine effectué près de 4 ans par Lydia Padellec qui a tout réalisé : le choix des textes et des auteurs, la rédaction de brèves bio-bibliographies et surtout une sobre préface. 
Avec tact et compétence, elle a regroupé 118 jeunes poètes nés après 1970, 59 hommes et 59 femmes, dans une stricte parité comme elle l'a fait pour ses éditions de La Lune Bleue . Les poèmes, un seul par auteur, sont présentés dans une alternance organisée quant aux thèmes créés. 

Outre la date de naissance, les critères retenus sont pertinents : écrire en langue française, avoir été édité à compte d'éditeur et « être actif en poésie aujourd'hui ». Il serait vain de filtrer les noms retenus et de signaler ceux qui auraient pu faire partie de ce bel équipage. Disons que l'ensemble des secteurs francophones est présent même si la Suisse semble sous-représentée. L'ensemble permet de découvrir différents aspects des écritures en cours depuis la poésie sonore jusqu'au lyrisme classique et des écrits-performances aux haïkus. Et puis l'on y trouve la confirmation de réels talents aux œuvres déjà bien assurées. Risquons-nous à énumérer dix noms : Thomas Vinau, Cécile Guivarch, Simon Martin, Marlène Tissot, Matthias Vincenot, Aurélia Lassaque, Romain Fustier, Murièle Modély, Jean-Baptiste Pedini et… Lydia Padellec. Les œuvres graphiques de Anne-Laure H.Blanc complètent harmonieusement cette épaisse livraison de Bacchanales. Saluons enfin comme il se doit la courageuse initiative de la Maison de la Poésie de Rhône-Alpes pour s'être lancé dans cette entreprise périlleuse.


Mélancolie des embruns 

Marie-Josée Christien,  Les  Cahiers du Sens n°27 (juin 2017) 

Observatrice au regard aussi aigu que pudique, Lydia Padellec livre sous ce beau titre une suite de brefs poèmes en prose, dont un extrait prometteur avait été publié dans le n°108 de la revue Chiendents qui lui est consacré. Dans l'observation du paysage marin, le souffle retenu, elle passe de la contemplation à l'introspection et les mêlent subtilement dans "la chair du poème". Les aquarelles de Catherine Sourdillon, dans leur hésitation entre gris et bleu, restituent "l'horizon à perte de souffle". A la quête de "la fissure qui laissera passer l'air - le souffle - puis les mots", le poème de Lydia Padellec est une île qui se dérobe, garde silence et secrets. Insaisissable "face aux caprices de la page", l'île en elle la "hante comme un navire naufragé de l'enfance", lui "titre les neurones, jusqu'à plus soif" et ne livre ses mots fragiles qu'au moment furtif où "il pactise avec la terre". L'expression délicate de Lydia Padellec vise juste et nous parlons depuis la genèse du poème, ce qui en dit bien plus qu'un long commentaire sur la création poétique.      

Valérie Canat de Chizy , T Erre à ciel (avril 2017)


De ces courts poèmes, qui ressemblent à des haïkus en prose, émergent une sensibilité toute marine. Le paysage est un chemin d'herbe en bord de mer, mais aussi un paysage intérieur, quand au cours de la méditation contemplative les mots commencent à naître en pensée. Ils ont la forme d'une île, et les syllabes sont des grains de sable. Il y a la brise iodée, le bleu immense, et surtout, l'attente du poème.
Dans cet état de vacuité face à la mer, le poème se dessine, mais ses contours sont incertains. Le poème est une île, mais cette île est exilée à l'intérieur ; il est comme un embryon, mais quelque chose est bloqué, l'embryon est noir, il pèse dans le ventre.

Cité engloutie - mon poème - aveugle aux sons qu'il m'envoie, je perds l'odeur de ses mots. L'onde file à travers ma peau telle une aiguille. Le varech enserre ma gorge. L'île en moi explose en une multitude de cris.


Ainsi la mélancolie évoquée dans le titre semble-t-elle liée à cette attente du poème qui ne vient pas. Malgré le lien indéfectible, la tentation du désespoir est grande lorsque celle qui écrit croit le lien brisé.
D'autres thèmes sont également évoqués, tel celui de la perte et de la disparition, avec ce baiser qui ne viendra plus, et celui du temps qui passe, de la vieillesse qui approche, et de l'enfance qui s'éloigne.
La vie pourtant se manifeste, une grue de papier se déploie sous les doigts, un rire d'enfant surgit, le magnolia bientôt sera en fleurs.

Il pleut sur l'île une musique d'herbe. Une couette de mélancolie se dépose sur chaque fleur. Le parfum des roses en est légèrement étouffé.

L'île prend son essor, elle n'est plus un caillou mais lieu en expansion où la nature s'éveille.

Mon jardin est une île minuscule où la mousse bleuit du trop plein de ciel.
Je suis l'île et l'île est mon poème


Jacques Morin , T exture (décembre 2016), Décharge 173 (mars 2017)


On le voit, dès le titre, l'importance des sentiments ressentis au paysage. Et ce qui adhère entre la tristesse de l'auteure et l'environnement marin. « J'ai regardé la mer et j'ai commencé à dessiner des mots en pensée. » Lydia Padellec donne de courts poèmes, comme des haïkus en prose, allant d'une ligne ou deux au paragraphe. Il existe une correspondance intime et mystérieuse entre le poète et la mer. L'île qui se niche en elle, et le poème au large. Il s'agit de les amarrer, de les apparier. « L'île en moi – caillou granuleux coincé dans la gorge… » Il y a en effet un obstacle minéral qui empêche l'appontement : « Chaque jour je mords dans le galet à défaut d'embrasser l'aube. » Apparaît aussi un jeu de personnes entre le je et le tu, l'intérieur projeté au loin, l'âme pendue sur la ligne d'horizon. Le long du recueil courent également les images de la petite fille à la femme qui écrit, qui vieillit et l'absence et le deuil entre les lignes du silence. Lydia Padellec nous embarque dans sa poésie à la fois douce et percutante, où le regard cimente intimement sa sensibilité et l'immensité marine. « Il pleut sur l'île une musique d'herbe. »

 
M onique Serre ( novembre 2016) 

Quelle belle écriture, très personnelle, qui avance sur son erre, délicatement, et de façon très tenue aussi. Chaque tentative, comme un retour aux sources, avec prudence, prend appui sur des phrases simples : sujet - verbe - complément. On voit ton passage par le haïku, et j'y retrouve la limpide simplicité de la poésie chinoise Chan. Si la syntaxe est très simple, et sans outils de raisonnement, chaque choix de mots est extrêmement précieux et vient bousculer la chaîne sémantique vers de l'inattendu, de l'ailleurs, de la poésie au sens fort. Par exemple : "Paume tournée vers le ciel. Les veines comme des branches fines isolées de feuilles. Arbre d'hiver figé dans la neige de la mémoire."On a d'abord une simple description, puis une comparaison avec les branches des arbres et enfin ce saut : " la neige de la mémoire". Je m'arrête, envahie par l'image, belle, qui éveille plaisir de lire et méditation sur cette "neige de la mémoire" ou bien :"Pliant une grue de papier j'écoute les nuances de parfum se mêler au bleu ses vagues (J'aime les synesthésies : ouïe, odorat, et vue). La mélodie des embruns me parvient comme un lointain souvenir. Doucement l'oiseau se déploie sous mes doigts. Une plume s'échappe." L'oiseau est devenu vivant... Mythe de la création : on fabrique quelque chose, en argile, en taillant le marbre, en pliant du papier, ou en alignant les mots, puis quelque choisi arriver, De quel souffle ? Pliant une grue de papier j'écoute les nuances de parfum se mêler au bleu ses vagues (J'aime les synesthésies : ouïe, odorat, et vue). La mélodie des embruns me parvient comme un lointain souvenir. Doucement l'oiseau se déploie sous mes doigts. Une plume s'échappe." L'oiseau est devenu vivant... Mythe de la création : on fabrique quelque chose, en argile, en taillant le marbre, en pliant du papier, ou en alignant les mots, puis quelque choisi arriver, De quel souffle ? Pliant une grue de papier j'écoute les nuances de parfum se mêler au bleu ses vagues (J'aime les synesthésies : ouïe, odorat, et vue). La mélodie des embruns me parvient comme un lointain souvenir. Doucement l'oiseau se déploie sous mes doigts. Une plume s'échappe." L'oiseau est devenu vivant... Mythe de la création : on fabrique quelque chose, en argile, en taillant le marbre, en pliant du papier, ou en alignant les mots, puis quelque choisi arriver, De quel souffle ? on fabrique quelque chose, en argile, en taillant le marbre, en pliant du papier, ou en alignant les mots, puis quelque chose choisi arrive, inconnu. De quel soufflé ? on fabrique quelque chose, en argile, en taillant le marbre, en pliant du papier, ou en alignant les mots, puis quelque chose choisi arrive, inconnu. De quel soufflé ?
Le poème est terminé.
Cette expression aussi : "l'épine qui tombera d'une étoile"; et l'on voit le monde autrement...
Chaque phrase, en début de page, suivie d'une immense plage blanche, est comme une tentative de départ, d'envol, sans cesse recommandée.
Le bel ouvrage d'Al Manar, qui avant tout respecte ce rythme, le beau papier, la belle aquarelle bleue de la couverture, nous fait vaguer entre un paysage maritime, et une représentation de la mélancolie. Si l'auteure tout au long du livre tâtonne en quête de son poème, jamais, tout au long du recueil, le lecteur ne doute de la présence d'une vraie poésie.

Sur la trace du vent

Marie-Josée Christien , Spered gouez n°22 (octobre 2016)

...
Ce numéro coordonné par Georges Cathalo présente la discrète Lydia Padellec qui "a la patience de l'arbre et sa détermination", comme le souligne avec justesse Jean-Claude Touzeil. Elle répond aux questions pertinentes de Georges Cathalo et donne à découvrir un choix de textes dont quelques inédits prometteurs, tels les poèmes en prose extraits de Mélancolie des embruns . Les articles de plusieurs auteurs, dont Hervé Martin, Gérard Noiret et Cécile Oumhani, permettent de découvrir ses multiples facettes : poète et haïjin, auteur de prose, éditrice, artiste et animatrice d'ateliers, organisatrice de rencontres poétiques. Une belle synthèse, un beau portrait qui laissent percevoir sa haute idée de la poésie et son intégrité. 
 
Pierre Kobel , La Pierre et le S el (septembre 2016)

Les éditions du Petit Véhicule et leur maître d'œuvre Luc Vidal enrichissent la petite collection Chiendents d'un cent huitième numéro coordonné par Georges Cathalo et consacre à Lydia Padellec. Le haïku mis en exergue symbolise bien la personnalité de Lydia. Légèreté et solidité, les yeux au ciel et les pieds sur terre, au voisinage de l'horizon océanien pour des frontières sans limites. « Pour tout ce qu'elle entreprend, Lydia Padellec à la patience de l'arbre et sa détermination. » écrit Jean-Claude Touzeil. 

Poètes, une anthologie particulière

Alain Boudet , La Toile de l'un (septembre 2018)


Dans ce livre, Lydia Padellec met en œuvre cette idée : lire un poème, c'est une rencontre inattendue qui peut nous apporter beaucoup, déclencher nous des émotions multiples, nous ouvrir au monde et à sa compréhension, nous faire entrer en compagnonnage de Ceux à qui le monde parle et qui parlent du monde.
C'est ainsi que nous découvrons avec l'auteur (qui, de fait, se fait un peu anthologiste et nous invite dans sa bibliothèque) 32 poètes francophones aux horizons les plus divers, de l'Amérique du sud à l'Europe en passant par le Moyen-Orient ou l'Afrique. À chaque fois, un poème de ces poètes, hommes et femmes, que Lydia Padellec a eu plaisir à « rencontrer » dans la lecture, à écouter, et, en vis-à-vis, comme un cadeau et un hommage, un poème qu 'elle a écrit et dédié à ces poètes de rencontre.

Une belle idée pour un voyage en ricochet dans les mots de nos contemporains.


Réponses, lettres, petits mots des poètes...


Chère Lydia Padellec,



Je suis touchée de me trouver en si bonne compagnie de « Poètes », et non des moindres. Tout particulièrement de Gérard Noiret, si attentif et si discret. Vous savez donc lire les autres, ce qui est bien nécessaire quand on écrit soi-même… Votre langue claire et ferme le prouve déjà.

Merci,



Marie-Claire Bancquart (20 octobre 2015)



*


Chère Lydia,



C'est au retour de Carhaix que j'ai découvert votre anthologie, accompagné de votre carte sympathique et de cette grue en papier fort bien réalisé.

Le livre est très intéressant, avec les textes que vous avez écrits, dédiés à chaque poète. L'ensemble représente un travail important et original. Merci de m'avoir sélectionnée au milieu de ces noms prestigieux.



Chantal Dupuy-Dunier (28 octobre 2015)


*

Chère Lydia


J'ai reçu tes Poètes il y a un certain temps. Je terminais un roman, je n'avais guère le temps de m'y plonger. Je viens enfin de le faire, c'est un régal !

Dans la préface, tu as réussi à condenser en deux phrases ce que des auteurs tels Max Jacob ( Art poétique et Conseils à un jeune poète ) et Rilke ( Lettres à un jeune poète et Cahiers de Malte Laurids Brigge ) accomplissent difficilement avec des livres entiers . J'ai dit « condenser », ou, tu es très légère dans ton propos : « La création ne peut venir du rien, ni d'une simple observation et encore moins d'une « inspiration divine ». Nous pouvons comprendre le monde, en avoir l'expérience, mais l'habiter en poésie suppose un « mémoire poétique ». »

J'admire chez toi cette absence totale d'effets d'écriture. C'est peut-être ce qui te permet d'accueillir les autres. Le poème qui répond au mien est un équilibre d'émotion et de partage. J'en suis fort honoré et fort ému. Merci du fond du cœur.



Bien amicalement.



NIMROD (5 novembre 2015)


*




Chère Lydia Padellec,



Merci pour cette anthologie qui procure un plaisir rare car offrant un écho d'une écriture à l'autre, d'une âme à l'autre… Je suis très honorée et heureuse d'y figurer.



Sylvie Fabre G. (4 avril 2016)


*
 
Quelque part au milieu de la pellicule  (La Porte, 2015) 


Un doigt sur les lèvres 

Iocasta Huppen, Radio Laser, podcast de sa chronique, octobre 2021


Pierre Tanguy, Poètes en Bretagne, éditions sauvages, juin 2021

Lydia Padellec aime la plage et le jardin. Elle aime beaucoup le potager, mais toujours sous le regard d'un père ou d'une grand-mère. Les enfants, non plus, ne sont jamais loin. Ils ont acquis auprès de leurs aïeux la connaissance des groseilles ou des framboises, des haricots verts ou des salades. Pour témoigner de cet héritage, Lydia Padellec utilise la forme du haïku. C'est un genre poétique qu'elle cultive avec passion (organisant elle-même ateliers d'écriture et kukaï).

   Quoi de mieux, en effet, que le haïku pour témoigner du passage des saisons quand on entreprend de parler du jardin ou de la plage. « Plage de Carnac - / l'enfant apprend à compter / avec les galets ». Nous sommes dans le Morbihan. Dans un autre haïku, c'est une île qui apparaît. « Pour tout horizon / l'ombre de l'île de Groix - / galets à mes pieds ». Et que dire sur jardin des quatre (ou cinq) saisons. « Poussée par le vent / la fillette se balance / dans l'odeur des pruneaux » (…) « Chatouillant / les feuilles de salade / la brise d'été ».

  Lydia Padellec est à la bonne école de la nature comme tous les haïjins restés fidèles à l'esprit (et à la lettre) des grands maîtres fondateurs du haïku. Sa capacité d'émerveillement trouve la forme réduite du haïku pour mieux s'exprimer. « Silence au jardin / même le bourdon se tait - / enfant endormi ».

   L'orage – auquel elle consacre quelques pages – peut parfois venir rompre cette forme d'harmonie. La poétesse sursautée. Elle lisait Le peintre d'événement et « le mur à tremblé ». Ce sont de ces petits tremblements de la vie dont témoigne Lydia Padellec, les yeux écarquillés, souvent saisis par la beauté élémentaire des plantes et des bêtes, mais aussi des personnes qui se meuvent autour d'elle. Eclats de rire - / courant après le ballon / l'enfant et son ombre ».

Danièle Duteil, Gong 46 (mars 2015)

Entre terre, mer, jardin et maison, les haïkus de Lydia Padellec ouvrent un espace familier et intime qui laisse la part belle aux relations intergénérationnelles. Au centre de ce cercle, l'enfant évolue, découvrant le monde sur les traces de ses aînés, leur renvoyant, à travers son regard, des images nouvelles. Parfois, il vient aussi réveiller un lointain passé qui, l'espace d'un instant, reprend forme et couleur. La complicité s'installe au gré des pas, des jeux, d'expériences communes qu'accompagne le crayon léger et précis de Nicole Barrière-Jahan .
Plage de Carnac –|l'enfant apprend à compter|avec les galets
Poussée par le vent|la fillette se balance|dans l'odeur des pruneaux
École d'enfance –|grand-père fier de la montrer|à son petit fils
Un univers souvent ténu, de souffles, de brise, de vagues légères, de senteurs océanes, de silences, bulles soudain crevées par un rire enfantin ou le cri d'une mouette chagrine. 

Jean-Louis Chartrain , Lettre Ploc'77 (mars 2015)

travers son univers, Lydia Padellec nous entraîne dans une promenade intérieure riche de sensations.
Et c'est en impressionniste qu'elle nous peint ces mondes de couleurs, par touches successives…

bleu du ciel
mêlée à l'hortensia bleu
bleu de la mer

(...) Les dessins de Nicole Barrière-Jahan, n'empruntant pas une voie suggestive mais restant au près des textes, ensemencent le recueil d'une douceur qui nous porte.
De la lecture du recueil de Lydia Padellec, on sort avec un doigt sur les lèvres pour ne pas rompre le charme, pour en laisser plus longtemps parler en nous les échos.

Entre l'herbe et son ombre (Titre provisoire)  - Prix Trouvères des Lycéens 2014

Les échos d'une délibération par Jean Le Boël (Préface et quatrième de couverture) :

« Personne, en revanche, qui n'était interpellé par Entre l'herbe et son ombre de Lydia Padellec. Chacun trouve quelque chose à choisir à vanter : l'originalité de la conception, la profondeur du propos, les liens qui se tissent entre les deux univers parallèles, la sublimation magique du quotidien, l'émotion… C'est donc ce recueil qui l'emporte , poésie à la fois recherchée, humaine et facile à comprendre. »

**

Pasoa, Babelio (5 juin 2021)

Il est à espérer de la lenteur et de la beauté des mots qui disent la rondeur de la lune, l'odeur du café chaud, l'attente d'une paume dans celle qui s'ouvre, les la pudeur du matin frêle ou les pas d'enfants...
À l'humeur rêveuse, nostalgique ou pleine d'attente, les mots dispensent une douce générosité, l'espace et le souvenir d'un temps qui n'est plus ce qu'il était mais qui en secret demeure, reste pourtant bien présent , à portée de regard.
Dans son petit recueil "Entre l'herbe et son ombre", Lydia Padellec écrit et décrit le subtil assemblage des mots qui fait paraître l'image et naître la sensation pure.
Dans une écriture très épurée, proche de la tradition du haïku, l'auteure donne à voir la beauté de l'infime, du quotidien comme origine de la poésie, la grâce de l'instant, même éphémère .

Elle s'assoit
le corps lourd
des charniers de souvenirs
la paume tournée vers le ciel
dans l'attente
d'une autre paume.

**
Alain Boudet, La Toile de l'un (mai 2019) 

Le titre en lui-même évoque la fragilité. Et au fil des pages, c'est un peu ce fil rouge que l'on suit. Celle des jours qui passent, de la mère qui vaque aux tâches quotidiennes, pétrie de l'amour qu'elle porte aux siens. Portée par la vaillance des gestes de chaque jour, vraie héroïne de la vraie vie. Fragilité aussi des sentiments, des chagrins et des souvenirs. En parallèle à cette évocation de la mère, Lydia Padellec tisse une trame où prend forme une réflexion sur l'écriture, son rapport au monde quotidien et universel à la fois, sa nécessité d'être pour offrir à la vie la réalité que seule le poème permet vraiment de loupe et de mettre en lumière. http://www.latoiledelun.fr/spip.php?article776 


Cécile Guivarch, Terre à ciel, Hep ! Cours fraîches (octobre 2015)

Livre construit avec en regard : un poème sur la mère et les paroles du poète. A gauche : un poème en vers. A droite : un fragment en prose, en italique. La construction de ce livre offre au premier regard une promesse d'originalité. Promesse tenue. Le fil conducteur du livre ne nous apparaît pas d'entrée de jeu, mais le parallèle mère/poète n'est pas anodin. Il ne s'agit pas d'un livre sur la maternité au sens classique du terme. C'est aussi une réflexion sur la naissance de l'écriture, l'approbation des mots, la façon dont le poème se forme dans la pensée et puis prend son envol : « Je tourne en rond autour de ma pensée et le poème continue de s'effilocher ». Un questionnement sur la salle au monde et sur les premiers mots. Les poèmes en vers sur la mère sont davantage terre à terre, ils ne questionnent pas, ils offrent une description du quotidien maternel. Néanmoins, les textes se répondent. Par exemple : « La mère voit l'enfant / grandir » provoque : « A chaque mot le poème grandit / son mystère aussi ». Etre mère, être poète, est-ce différent au fond ? L'une donne naissance à un enfant et puis l'élève. L'autre accouche d'un poème qui s'élève aussi.

http://www.terreaciel.net/Hep-Lectures-fraiches-Octobre-2015#.VhbHr-ztmkp

** 
Jean-Marie Corbusier , Recours au poème, sommaire 111 (septembre 2014)

Un recueil au titre provisoire, comme toute poésie qui ne vaut par son sens qu'à l'instant proférée. Tout comme la lecture et la relecture modifient l'angle de vision et la présence des poèmes. Tout est provisoire même dans sa fermeté, c'est de l'incertain, de l'inaccompli : une force quand on le sait.
C'est un sillage de vie que nous propose Lydia Padellec : le destin de la mère, ses allées et lieux sur la ligne du temps. Tout se situe au plus près dans le quotidien le plus ras, le plus utilitaire, le plus caché. Il faut un certain courage pour l'écrire en toute simplicité, une forme de mise à nu dans la pudeur...
Pour voir la note dans son intégrité, suivre le lien ci-dessous :  
http://www.recoursaupoeme.fr/critiques/lydia-padellec-entre-l'herbe-et-son-ombre/jean-marie-corbusier 

** 


** 

Gilles Brulet , poète (juillet 2014)

J'ai eu beaucoup de plaisir à lire Entre l'herbe et son ombre , le dernier recueil de Lydia Padellec paru en mars 2014 aux éditions Henry (8 euros).
Cet ouvrage a obtenu le Prix Trouvères des lycéens 2014.


Il se décline en vingt points ou en séquences chacune double. Un texte (imprimé à gauche)  descriptif, écrit à la troisième personne, correspond à son « jumeau »(imprimé à droite) écrit lui à la première personne.

Cette démarche, singulière, multiplie le pouvoir d'évocation. C'est une juxtaposition, un dialogue entre sentiments extérieurs et intérieurs, entre corps et esprit, entre vie et écriture  ou sa mise en écriture. Nous sommes un peu comme dans une salle de travail du poème.

C'est une poésie profonde et sensible et toujours accessible :



Tout va si vite
le corps change
au creux des écorces



Tactile, sensuelle :



La poterie est lisse au toucher…
chaque mot est malaxé avec la langue comme on le fait avec un bonbon



Aux images réussies :



La nuque fléchit
sous le poids
des poussières
et des regrets amassés



De belle complicité humaine :



… défie l'ombre d'un sourire


elle ne gaspille
ni le silence
ni la confiture



Nous sommes ici en pays de haute poésie, comme celle de Colette Nys-Mazure (citée en exergue de l'ouvrage) ou celle de Vénus Khoury-Ghata et d'Andrée Chedid.
Un recueil à savourer et à conserver dans un rayon de poésie comme du miel.



**


Sanda Voïca , revue Paysages écrits n°21 p.327-330 (avril 2014)

Voici un extrait ; pour lire la recension intégrale, suivre le lien.

" Si la poésie, c'est approcher au plus près possible l'éternité (le mystère, le vide, ou autre nom que celle-ci pourrait prendre), j'ose affirmer que Lydia Padellec a atteint cette « éternité » de plus près que : soit sous la forme de ce chat invisible (sus cité), ou dans cette « paume tournée vers le ciel/ dans l'attente / d'une autre paume » (p. 14) ; pissenlits/ [qui] s'évapore dans l'odeur/ du détergent » (p. 20). Et les exemples peuvent être multipliés, jusqu'à épuiser (citer) tous les poèmes ! Eternité que Lydia Padellec a toujours frôlée (dès ses débuts), dans son écriture." 


**

Fransoaz (avril 2014)

"Quant au recueil Entre l'herbe et son ombre , je partage tout à fait l'avis des Lycéens du Prix des Trouvères : c'est une poésie qui touche au plus profond, son apparente simplicité, sa légèreté immatérielle, son mouvement, c 'est comme l'air et l'eau, impalpable et rempli d'émotions. Un gros coup de coeur. "

**

La maison morcelée  - Prix ​​PoésYvelines des Collégiens 2013Notes des Collégiens:



"Un environnement familier est le sujet de La Maison morcelée. Cependant, nul sentiment de chaleur ou de joie dans ces textes mélancoliques qui expriment tour à tour la solitude, l’oubli, la tristesse… Les vers renvoient à la vieillesse et l’on ressent une certaine nostalgie. Les images se suivent, mais une reste dans la tête : une photographie abandonnée, couverte de poussière, retrouvée par hasard. C’est étrangement beau."

Louise Delumeau (3è, Collège Martin Luther King, Buc)

*

« Visite nostalgique d’une maison d’enfance, fragmentée de trous de mémoire. Le poème en prose gémit de vivacité.
Lydia Padellec nous livre, au détour de chaque pièce, ses souvenirs, à la fois heureux et effrayants.
Le lecteur est transporté dans sa propre mémoire. »

Zoé Walkins (3e, Collège Martin Luther King, Buc)

*
« Une maison dépeinte comme si elle était vivante. J’ai l’impression qu’elle est au bord de la mer avec un jardin magnifique. C’est la maison de sa grand-mère défunte ; la fille la visite et se souvient des bons moments. »

Maëlys Bustin (Collège Martin Luther King, Buc)

*
« Une maison percée de trous de mémoire mais toujours vivante.
Ce livre me fait penser à la maison de ma grand-mère, pleine de vieilles armoires et de poupées poussiéreuses. »

Mathilde Gaulier (Collège Martin Luther King, Buc)

*
« Je me suis retrouvé plongé dans mes souvenirs, agréables ou ennuyeux… Je retrouvais la maison de mes arrières grands-parents avec qui j’ai passé de merveilleux moments étant plus jeune. »

Jules Pourcel (Collège Martin Luther King, Buc)

*
« Puzzle de souvenirs dont il manque quelques pièces et qui se reconstruit au fil des pages.
Les souvenirs d’enfance reprennent vie et habitent la vieille maison. On peut faire le parallèle avec nos propres fragments de mémoire, c’est ce qui rend ce recueil si poétique.
Léger et émouvant à la fois. »

Lauren Segalla (Collège Martin Luther King, Buc)

*
« Il suffit d’une phrase pour combler mes attentes et mon attention. Des phrases fortes qui nous prouvent que chaque mot compte. »

Félix Chabran (Collège Martin Luther King, Buc)

*
"Lydia Padellec nous laisse visiter le coeur de ses souvenirs d'enfance, dans cette maison morcelée sous l'effet du temps qui passe. Chaque pièce recèle des trésors de mémoire, et les élèves y pénètrent comme des fourmis se faufilent dans la cuisine par le trou d'une plinthe."

6è1, Collège Jean Monnet, Feucherolles

** 

Et ce n'est pas la nuit

Jacques Ibanès, revue Texture (janvier 2014)


Rompue à la technique des poèmes courts japonais, Lydia Padellec sait dire l’essentiel en peu de mots. Avec en exergue des références de Guillevic et de Sylvia Plath, elle donne ici deux poèmes placés sous le signe de l’absence, à venir ou passée. 

Je ne me risquerai pas à dévoiler la trame secrète et profonde qui lie ces deux textes, pour laisser au lecteur le bonheur de cheminer avec la lenteur qui s’impose parmi menhirs, vagues, écumes, océan, désert, nuages, horizon, bateau, mouettes, embruns qui l’empliront peu à peu. Ceci pour l’apparence. 

Car c’est le temps qui est maître du jeu : « Sous le voile du temps / que reste-t-il du souvenir / sinon un doigt sur la bouche ? » 

Dans cette collection des Editions Henry joliment nommée La main aux poètes, riche de 40 numéros de petit format à la jaquette noire ornée d’une vignette, le recueil de Lydia Padellec peut se lire et se relire au ressac des mots sans en épuiser le suc et la densité. « Je t’écris / pour panser la cicatrice / du vide »  : justesse d’un aveu qui est le postulat dans lequel s’inscrit toute démarche poétique. 
Et la vignette originale d’Isabelle Clément fait un bel écho à cette voix.

http://www.revue-texture.fr/spip.php?article614

**

Dominique Borée, haïjin (décembre 2013)


La lecture de ton dernier recueil "Et ce n'est pas la nuit" fut pour moi un vrai bonheur.
"ces fragments d'amour et du temps qui passe" m'ont touché. Nostalgie, douceur, sensualité
au fil des pages... Je te cite :

Je t'écris dans cette chambre noire
pour entendre encore
résonner la mer contre ta joue

Je t'écris encore heureuse
du souvenir des vagues
de mes yeux dans tes yeux
le mouvement sonore de l'eau
à perte d'ouie

Dans "poèmes pour une photographie" j'ai aimé particulièrement

Quel geste précéda l'immobilité
de la photographie ?

(on tourne la page...)

Sans doute le frémissement
des lèvres
avant le sourire


**


Sur les lèvres rouges des Saisons

Cécile Guivarch, poète - Terre à ciel (avril 2013)


Sur les lèvres rouges des Saisons paru en 2012 aux éditions de l’Amandier. Petit régal de recueil, rassemblant trois formes poétiques japonaises : haïku, tanka et haïbun, avec définitions à la fin du recueil pour qui ne connaît pas ces formes d’écriture. Lydia Padellec puise au cœur de l’instant et des émotions, avec finesse, humour parfois et on sent encore ici l’attention qu’elle porte à l’enfance. Le recueil est construit en plusieurs parties, chacune représentant une saison.

Ce matin d’hiver
En tirant les rideaux
Surprise par les flocons

Un sourire de petite fille
Sur mes lèvres de femme


*
Déclin du soleil
se faufile entre les fleurs
l’ombre d’un chat noir


http://www.terreaciel.net/Hep-Lectures-Fraiches-Cecile

**


Dominique Chipot, haïjin - Ploc' la lettre du haïku n°62


A l'instar de l'école de Bashô qui bouleverse l'ordre des saisons dans Sarumino (le manteau de pluie du singe), Lydia Padellec commence son cheminement par l'automne.

Chemin glissant
s'agripper 
au murmure de l'eau

Un voyage poétique composé d'un haïbun par saison, de deux tankas et de quelques haïkus.
L'été, retour aux sources. Bord de mer et grand-mère.

Sur la photo
une belle jeune femme
ma grand-mère

Au printemps, profusion de fleurs ; L'hiver, lune ou neige emplissent le ciel.

Les saisons, bien typées, défilent au rythme lent des haïkus, tandis que les êtres chers habitent les haïbuns. 
Un texte plein de vie, de sentiments et de symboles.


**

Jean-Paul Giraux, poète - revue Poésie/ Première n°55


Nous sommes quelques-uns à penser que les formes japonaises traditionnelles – et notamment le haïku – résistent aux délocalisations, qu'elles ont besoin du cadre culturel et linguistique qui les ont vu naître pour exister valablement. Pour elles, ni traduction ni transposition évidentes, et on cite tel haïku du maître Bashô dont les interprétations font l'objet d'interminables polémiques entre spécialistes de cet art délicat et mystérieux. Cela étant, on verra qu'ici, dans son dernier recueil, Lydia Padellec réussit la gageure d'en retenir le principe et l'esprit pour nous inviter à un agréable voyage à travers les saisons. Ainsi, nous lui devons une série d'instantanés où le quotidien se trouve transcendé par les fulgurances du propos. Deux exemples suffiront à en témoigner : "Soleil d'automne – / l'ombre froide d'un arbre / feuillage de feu" et "Entre chaque fleur / le silence / d'un papillon".


**

Jean Antonini, haïjin - Gong, revue francophone de haïku n°38


Ce beau recueil de 62 pages a été composé par l'auteure selon les saisons, de l'automne à l'été. Chacune des 4 parties s'ouvre par un haïbun évoquant des proches aimés : "...une aïeule, de retour du lavoir ou du travail des champs, venue me consoler de la lenteur des mots..." ; "...C'est un bel après-midi de printemps et je marche aux côtés de celui qui deviendra mon amoureux..." ; "...Retrouver la petite fille que l'on a été. Mais non, les absents ne parlent plus..." Entre ces haïbuns, des haïkus et tankas :

Train du soir -
sur le siège devant moi
mon ombre vieillissante

*
Dans mon carnet neuf
je t'écris un haïku
mais la brise
agite les pâquerettes
et me distrait

...

Un livre plein de légèreté, de finesse, d'amour et de gravité.

**

Danièle Duteil, haïjin - L'Echo de l'étroit chemin (AFAH)

Le recueil de Lydia Padellec parcourt les saisons, de l’automne à l’été, en déclinant la poésie selon trois genres poétiques japonais, le tanka, le haïku et le haïbun.


Le haïku, sobre et ancré dans la réalité, fixe l’instant :

Tourbillons de flocons –

assis dans l’herbe gelée

qu’attend-t-il le chat ?

Tandis que dans le tanka, l’âme s’épanche davantage, avec retenue toutefois :

La nuit est si belle -

penchée à la fenêtre

je pense à toi

Mon ombre tremble
sous les étoiles glacées

Le haïbun, quant à lui, offre le loisir de développer, de narrer et de décrire, de (se) raconter, de perdre pied parfois lorsque la raison bascule dans l’imaginaire. Telle la bouée qui permet au naufragé de reprendre sa respiration, le haïku, semé à intervalles, recentre alors la pensée sur le réel.

La femme avance, silencieuse et humble, d’un pas qu’on pourrait croire dansant. Elle traverse le blanc et noir jauni d’une carte postale ancienne.

Sur mes lèvres
un goût brûlé
de crêpe au blé noir

La lumière de la lampe grésille doucement. Le papillon volette. Là, dans ce halo de lumière. Léger. Un murmure dans la nuit…
L’effleurement d’un tissu lourd contre un meuble. Je lève la tête et tends l’oreille : le vent a entrouvert la fenêtre. Il se frotte au rideau et balance les ombres. Etrangement… L’ombre à la fenêtre : ce n’est pas toi. Je le savais bien[1].

Chaque saison débute par un haïbun. Le premier, en automne, La nuit. Les livres dorment, se déploie dans l’obscurité. Il fait renaître le passé :
Une aïeule, de retour du lavoir ou du travail des champs, venue me consoler de la lenteur des mots.

On entrevoit des failles, des ruptures :
La trompette crie et se brise. Le piano s’arrête. La voix de Billie s’élève… et tombe quand la branche craque.

L’heure est à la solitude et à la vacuité…
On voudrait remplir le vide avec de l’encre.

au silence…
Je tourne en rond autour de ma page blanche. / La femme avance silencieuse…

à l’illusion, à la supercherie :
            Parfois d’étranges figures naissent à l’instant du sommeil et disparaissent[2].

Le dernier haïbun, situé en été, laisse percer la pleine lumière :
Le jardin est là, immaculé de lumière blanche.

Il vogue un instant sur les ailes du passé :
Le souvenir fugitif d’une petite fille qui court dans l’herbe.

Il s’arrête en pointant une blessure…
Un jouet, autrefois rouge, trône parmi les pâquerettes. Cassé. Oublié.

puis se laisse porter, à la faveur du passage d’un moineauétoile filante en plein jour, du côté de la vie qui résonne à proximité dans le rire des mouettes au creux des coquillages, pour enfin ouvrir à nouveau la porte au passé, vague qui va et vient, sommeillant dans le parfum de quelques brins de lavande :

Jardin de grand-mère –
l’odeur fragile
du souvenir

Entre les deux, le haïbun d’hiver. L’auteure, seule, marche au bras des ombres :
Aujourd’hui, je marche seule dans la neige. Je pense aux haïjins, à Bashô, à Santôka…

Déstabilisée par un tourbillon floconneux, elle se laisse aller au vertige :
La chute des flocons a quelque chose d’hypnotique. Elle nous entraîne avec elle.

L’imaginaire prend le pas sur le réel…
Mon esprit est ailleurs…

tous deux fondus dans le silence et le coton hivernal :
La neige tombe
sur la neige
quiétude

Santôka

Les années lointaines, par la voix de Santôka, reviennent, s’insinuent dans le présent, auquel elles s’accordent, estompant les limites du temps, de l’espace et de la mémoire :
Des flocons de neige
sur mon visage empourpré :
baisers de la lune

Est-ce l’envie de tirer l’auteure de son engourdissement et de sa torpeur qui me fait placer en dernier le haïbun de printemps ?
Des akènes de pissenlit s’échappent de ma mémoire.

La vie et l’amour éclatent enfin – Le son claque et résonne… Des notes de musique s’élèvent, égrenant dans l’air une allégresse inhabituelle :
C’est un bel après-midi de printemps et je marche aux côtés de celui qui deviendra mon amoureux.

Si la nuit revient encore, elle brille de tous ses feux :
Les lumières de la ville prennent peu à peu possession de la Seine.

Et la corde vibre, pincée cette fois par un être de chair :
Nuit sans lune –
Dans le vent froid
l’écho doux d’une guitare

Les mots de Lydia se posent légers sur la page qu’ils effleurent. Est-ce sa pudeur qui en atténue les contours ? L’ambiance onirique qui baigne ce beau recueil ? Ou bien les deux ?


[1] DESNOS, Robert : « A la faveur de la nuit », extrait de A la mystérieuse, 1926.

Patrick Argenté, poète (avril 2015)


J'ai lu attentivement et avec beaucoup d'intérêt Sur les lèvres rouges des Saisons. J'ai pourtant un rapport plutôt difficile au haïku. Naguère, le haïku m'agaçait  beaucoup, j'y voyais un phénomène de mode et une façon un peu facile de poétiser. Puis j'ai lu des haïku (faut-il mettre un s ?) d'Alain Kervern et je lui ai été reconnaissant d'avoir fait entrer les embruns de Brest dans ces coquilles de noix. J'ai deux recueils de Kervern que j'aime beaucoup : Terres des commencements et Ce grand vent ira-t-il plus loin que le matin ?
Et maintenant j'ai Sur les lèvres rouges des Saisons que j'aime beaucoup aussi. J'ai gardé dans un coin de mon ordinateur où je note mes petits secrets quatre de vos haïku(s) que j'aime encore un peu plus que les autres. Ce sont ceux-ci : bas page 12, bas page 19, bas page 30 et haut page 45. Il me semble que vous savez dévoiler la surprise du quotidien. Est-ce que les haïku(s) seraient fait pour cela, soulever un léger voile inattendu du réel ?
Mais n'y a-t-il pas dans le haïku une sorte de résignation devant un ordre du monde que la poésie voudrait, par ailleurs, contester? C'est ce qui fera que je n'écrirai probablement jamais de haïku. Mais personne n'est obligé et je me contenterai de lire ceux des autres, les vôtres en particulier. Merci.

Janick Belleau, haïjin québécoise (novembre 2012)

Un petit mot pour te dire que j’ai terminé la lecture de ton recueil Sur les lèvres rouges des Saisons.
Je me permets de t’offrir quelques impressions et réactions qui me sont venues à la lecture
- coup d’envoi magistral avec le chapitre « Automne »
- belle écriture poétique et élégance stylistique ; les pensées intimes de l’auteure n’en sont que plus émouvantes.
- structure symétrique et systémique pour chaque Chapitre/Saison. Cette rigueur visuelle me semble dénoter une harmonie entre la tête, le cœur et les sens.

**

Daniel Pyhaïjin - Gong Haïku (novembre 2012)

De Sur les lèvres rouges des saisons, de Lydia Padellec, je peux écrire que sa poésie est comme elle (est) :
fine et sensible,
attentive et minutieuse.


***

La mésange sans tête













Cécile Oumhani, poète - Recours au poème (2014)


Que sommes-nous, alors qu’au ciel s’effeuillent les nuages, pendant que la mer immense emporte notre trace, aussi inéluctable qu’un métronome ? Que voyons-nous la nuit sur un bord de fenêtre ? Ce sont des questions aussi vastes qu’éternelles qui traversent La mésange sans tête, recueil de Lydia Padellec, dont La maison morcelée nous avait aussi beaucoup touchés lors de sa parution en 2011.
La mésange sans tête est dédié à la grand-mère, figure centrale de La maison morcelée, tissant ainsi un lien qui chemine à travers la poésie de Lydia Padellec et qu’éclaire pour nous l’incipit d’Anna Akhmatova : Pas un poète n’a encore dit / Que la sagesse n’existe pas / Que la vieillesse n’existe pas / Que la mort, peut-être n’existe pas.
Le recueil s’ouvre sur une présence à la fois sensible et fragile aux choses et au monde, comme regard d’oiseau, à la fois contemplatif et humble, face aux forces qui régissent l’univers.  Suit l’envol, ivresse des horizons marins où il se perd, là où brise et  fracas des vagues sur les rochers assourdissent et affolent.  Temps et identité se diluent, balayés par une puissance océane destructrice, mais aussi source de fascination à l’œil qui plonge très loin dans un passé qui le dépasse : Je ne me souviens plus / de l’empreinte des doigts / dans le sable préhistorique / de l’enfant sans tronc.  L’enclos du jardin offre le refuge où émergent les souvenirs, sensations fondatrices, images recomposées où retrouver ce qui s’était dispersé dans l’errance d’une boussole égarée. Elles sont autant d’échos d’enfance et de découvertes.
Lydia Padellec écrit en touches fines et légères.  Ces courts poèmes cernent avec grâce et délicatesse un  rêve d’apesanteur qu’elle épelle pour nous en balançoires, marelles et saut de mésanges.

**


Eliane Biedermann, revue Spered Gouez, n°18 (2012)


Ce recueil est une suite de poèmes dédiés à la grand-mère disparue, à qui semblent rattachés les quatrains de la  troisième partie (« Retour au jardin ») : «  D’un seau d’enfant brisé /  je cache dans l’herbe haute / les petits pois verts / d’un nain de jardin  // De l’armoire vide / j’entends le sifflement / des portes closes / la trace du vent sur la serrure » 
Lydia Padellec a déjà évoqué des souvenirs d’enfance liés à sa grand-mère dans son précédent recueil : «  La maison morcelée » (Le bruit des autres, 2011). Les vers d’Anna Akhmatova en exergue du recueil dénient toute réalité à la vieillesse et à la mort. La poésie ressuscite la mémoire, disputant les disparus et leur ombre à la grande faucheuse.
Les poèmes de ce recueil sont oniriques, dans cet espace où l’ombre de la nuit enlève leur matérialité aux choses : « D’un vieil  aquarium de verre / je gravite autour d’une île / en quête d’albatros / perdus dans le noir / / J’efface de la langue / les lignes de la main / qui suis-je à présent / sans passé ni futur ? ».
Par sa poésie, Lydia Padellec sait nous plonger dans un univers entre réel et fantastique, aux lisières du temps et de l’espace : « L’arbre baîlle en moi / étire ses branches / vers le bleu du ciel / en quête de mots / / A nouveau je m’attarde / devant la fenêtre / et guette de l’arbre debout /  l’envol du poème." 


**

Jean-Paul Giraux (Poésie/première n° 54)

Dans son dernier ouvrage, Lydia Padellec propose une suite de quatrains, minces notations où elle se met en scène en évoquant un environnement de sensations fugitives et parfois brouillées, presque imperceptibles : nuages, arbres sous la pluie, le sang qui bat dans l'oreille, la rumeur des vents. Elle choisit l'instant crépusculaire, marche à la rencontre de l'océan, revient vers le jardin d'une enfance toujours habitée d'où le poème prend son envol. Nulle tristesse pourtant, me semble-t-il, ou légère, comme en filigrane, mais davantage un constat qui s'émeut quand "l'aiguille du coeur s'affole".  
Une succession  d'images simples et bien venues où présent et passé se répondent et scintillent, par   lesquelles le poète enferme dans ses mots la saveur parfumée des jours.

**

Monique Serres, haïjin (janvier 2013)




Ce fut pour moi une lecture étonnante : un peu perdue d'abord, j'ai avancé et me suis sentie un peu plus, puis de plus en plus concernée. J'ai relu ensuite tout le recueil. J'aime comment tu construis ton lecteur, en même temps que ton écriture. C'est très fort. Je lis beaucoup et j'ai rarement eu cette impression d'être "créée" en même temps que j'avance dans la lecture. J'ai beaucoup aimé ton univers poétique, une présence au monde, empreinte de gravité, de force et de délicatesse.






**



Jeanne Painchaud, haïjin québécoise (janvier 2013)




Dans ta Mésange, je crois que tu as réussi avec beaucoup de doigté le passage du haïku à une autre forme.  On sent encore un peu de l'esprit du haïku, mais il y a aussi une certaine liberté et un souffle très personnel dans les quatrains.  Et je suis jalouse de ton vers  "L'arbre bâille en moi" : magnifique !






**



Maximine, poète (juin 2012)












 J'aime les rapprochements étranges ou drôles dont sont meublées tes évocations, métaphores. "Aiguille du coeur", "comme une mauvaise herbe", "barbe à papa arrachée aux nuages"... Tu crées un "réalisme" attachant et personnel, original. Ta mésange cause.




















***




La maison morcelée

Sanda Voïca, Paysages écrits n°21 p. 324-326 (Avril 2014)

Voici un extrait de la recension, pour la lire intégralement, suivre le lien en dessous :

La maison morcelée est aussi le corps de l’auteure : morcelé, déchiré, mais qui, au fur et à mesure de l’écriture du livre, se refait, se reconstruit. Le fondement de la maison et du corps est fait de mots. Corps nouveau fait de morceaux (anciennes pierres) de la maison et la maison – paradoxalement – est encore plus ruinée, morcelée au maximum – par les mots. Pourquoi dis-je cela ? Car la maison restera à jamais vide et personne n’y reviendra plus. Corps nouveau et… miraculé. Un exergue de Paule Domenech nous le confirme : « Revisiter sa vie comme une maison, / pièce après pièce…/ Savoir qu’on va s’y promener, / tout à l’heure, /miraculé. » (p. 63) (moi qui souligne). Et « J’ouvre la porte. Le bleu m’envahit. Entièrement ». Je ne vais pas insister ici sur la symbolique du bleu, dans le sens de ce que nous avançons : le salut. Surtout que ce bleu apparaît à la fin de la deuxième partie du livre, (fin marquée, comme le début, par un fragment écrit en italiques), quand le premier fragment en caractères italiques (p. 11, en « ouverture ») finissait par le mot « déchirée ». La boucle est bouclée : l’écriture à sauvé, du moins pour quelque temps, la maison et le corps.

https://sites.google.com/site/revuepaysagesecrits/archives/numero-21/pe21---sanda-voieca-sur-lydia-padellec-la-maison-morcelee

**

Anne-Emmanuelle Fournier, Recours au poème n°72 (novembre 2013)

Lydia Padellec ou l’attention à l’infime
Beaucoup a déjà été écrit sur La maison morcelée de Lydia Padellec, et notamment sur sa dimension proustienne, évocation du temps qui toujours se dérobe aux retrouvailles sauf sous la forme elliptique du fragment. Une dimension a peut-être été moins soulignée : c’est cette attention à l’infime, qui, au-delà d’une poésie du quotidien, peut en outre être reliée à l’amour bien connu de l’auteure pour les différentes formes de la poésie japonaise (haïku, tanka, haïbun…). Si les textes réunis dans ce recueil ne reprennent nullement la forme de ces différents genres poétiques, on y retrouve pourtant cette considération égale accordée à tous les êtres, à toutes les formes de vie, si dérisoires qu’elles puissent paraître, qui imprègne la poésie japonaise et traduit entre autres ses liens avec le bouddhisme.
La suite de la note : http://www.recoursaupoeme.fr/critiques/la-maison-morcelée-de-lydia-padellec/anne-emmanuelle-fournier

**

Cécile Guivarch, Terre à ciel (avril 2013)

Lydia Padellec a publié en 2011 La maison morcelée aux éditions Le bruit des autres. Par petits fragments, petites phrases, un rythme morcelé comme le serait cette maison de la grand-mère, de l’enfance, où tous les souvenirs refont surface morceaux après morceaux. Le livre est divisé en trois parties. La première, la plus agréable, le rez-de-chaussée, où il est surtout question de tous ces petits souvenirs de vacances, cela avec le regard de l’enfant. La deuxième partie se déroule à l’étage, avec une tension qui monte, l’enfant qui n’est plus un enfant et la présence de l’aïeule qui s’efface. La dernière partie est celle de la dernière visite. Dans les deux premières parties, il n’était question que de fragments, des concentrés d’émotions et de souvenirs, tous avec une chute, un peu à la manière des haïkus que Lydia Padellec aime écrire. Cette dernière visite abandonne ce rythme et tend vers la prose avec des passages en italique, une dernière visite, pièce après pièce, raviver les souvenirs et se rendre compte de l’absence.

http://www.terreaciel.net/Hep-Lectures-Fraiches-Cecile

**

Eliane Biedermann, revue Intervention à haute-voix, n° 48 (2011)


La « maison morcelée » est celle de la grand-mère de l’auteure, à laquelle Lydia Padellec va rendre une « dernière visite ». C’est dire le pouvoir émotionnel de ces fragments poétiques. La nature et les fleurs enserrent la maison comme un écrin, sans doute embellie par mille et une réminiscences. Tous ces petits riens qui revivent sous la plume de l’auteure nous renvoient à nos propres souvenirs  d’enfance : « le sachet de lavande (qui) n’embaume plus les rêves de l’aïeule », «  le papier floral de la chambre (qui) ne se reflète plus dans le miroir », les cahiers d’écolier, les poupées abandonnées, les photos  au grenier…

Le sentiment aigu que tout est éphémère accompagne aussi ces textes car « Tout semble s’effilocher   avec le vent ». C'est un joli voyage au pays du « Temps retrouvé » que n’aurait pas désavoué Proust, et que nous propose Lydia Padellec dans ce premier recueil de poèmes.

« La nuit enveloppe la maison avec douceur et toi, assise dans ton fauteuil, tu tricotes le pull que je porte aujourd’hui. La télévision est allumée, mais tu ne la regardes pas. C’est juste une présence, pour ne pas sentir le froid de la solitude, pour ne pas oublier. »


**

Brigitte Aubonnet, revue en ligne Encres Vagabondes (14  février 2011)


La maison morcelée est un recueil de fragments qui évoquent le temps morcelé, celui qui se fractionne entre le passé et le présent. La maison, lieu fondateur, est chargée du passé que l’on porte en nous. La maison des parents, celle des grands-parents hantent nos souvenirs et s’offrent au présent chargées de nostalgie.

Du rez-de-chaussée au toit nous cheminons et partageons les petits instants de la vie d’une maison où se côtoient les êtres proches qui parfois n’existent plus que côte à côte : « Le papier peint floral de la chambre ne se reflète plus dans le miroir. Les corps ne se déshabillent plus pour l’amour. Une odeur de lys putride déborde du plancher. Une abeille, désorientée, agonise. »

La mer, les bateaux, les lilas, les iris, une abeille, une mouche, la lavande… ces petits bruits, ces parfums, ces rencontres, ces immobilités constituent une vie : « Le tabouret est bancal. Il lui manque un pied. On l’a couché dans un coin de la cuisine. Un rayon de lune lui chatouille le bois. Il ne semble pas souffrir de l’amputation. Une araignée tisse sa toile. Avec douceur. Comme un pansement. »

Le bord de mer n’est pas loin. L’évasion non plus. Dans les mots, dans les lignes, dans l’émotion.

De fragment en fragment les souvenirs affluent jusqu’à La dernière visite qui termine le recueil sur ce moment où l’on sait que rien  ne sera plus jamais comme avant.

Les mots de Lydia Padellec ont trouvé ce juste équilibre entre poésie et prose pour exprimer ces lieux et ces moments qui trouvent écho en chacun de nous. 

« Le goutte-à-goutte du robinet fait déborder le lavabo. La glace brumeuse ne renvoie aucun visage. Les mains flottent, détachées de leur bras, dans l’air saturé. Une bulle de savon  éclate et l’araignée se noie. »



**

Jacques Fournier, site de la Maison de la poésie de St Quentin-en-Yvelines


Il s’agit là du premier « vrai » recueil de Lydia Padellec, après nombre de poèmes publiés en revues, en anthologies, quelques livres d’artistes et la création d’une maison d’édition, la délicate Lune bleue.
La Maison de la Poésie de Saint-Quentin-en-Yvelines « suit » le travail de Lydia depuis quelques années déjà, lui proposant des temps de lectures publiques, des ateliers d’écriture et, récemment, une résidence d’écriture dans le Parc naturel régional de la haute-Vallée de Chevreuse. Dans la confiance que quelque chose émergerait et dans l’attente de la publication de son premier recueil. C’est chose faite maintenant. Et bien faite. […] Cette Maison morcelée contient de vraies pages (j’allais écrire pièces) réussies. L’idée même est séduisante. S’appuyant sur un distique de Paule Domenech (Revisiter sa vie comme une maison, / pièce après pièce), placé en exergue de la troisième et dernière partie, il s’agit en analysant la mémoire plus que le souvenir qu’on a des choses, d’évoquer une demeure, celle d’une grand-mère bretonne (Une odeur de crêpe au blé noir s’échappe de ma mémoire), des vacances partagées, à la recherche d’un passé qui n’arrive que par bribes, par fragments, par morceaux. Les deux premières parties, subtilement titrées Rez-de-chaussée / marée basse et Vers le toit / marée haute, contiennent de courts textes en prose qui relèvent plus de l’idée que l’on se fait d’un lieu que de la simple description, lieu connu dans un autre temps, en d’autres circonstances. Ce qui permet des échappées quasi fantasmatiques.  […]

Etrangement, insectes (moustique, grillon, mouche, mite, abeille,…), araignées et petites bêtes (lombrics, limaces,…) habitent ces poèmes et cette maison vide de toute présence humaine, sauf celle de la narratrice. Comme si la maison maintenant était à eux. Il y a quelque chose de mortifère dans ces visites d’une histoire qui ne reviendra pas.

On retrouvera chaque pièce de la maison, chaque pièce du mobilier, dans le dernier texte en prose, récit plus que poème, d’une ultime visite, presque inutile, tant les deux premières parties suffisent à dire ce qu’il y avait à dire de ce que peut être le souvenir.


**

Jean-Paul Giraux (Poésie/première n° 50)

Les souvenirs sont un kaléidoscope qui se visite comme une maison d'enfance, de la cave à l'envolée du toit. Une maison fragmentée par les trous de la mémoire, mais toujours vivante et toujours habitée par les bonheurs et les peurs d'autrefois, avec ses vestiges fatigués et dérisoires encore fixés aux murs, abandonnés sur les étagères, mal protégés par les planches de la vieille armoire disloquée. Une maison où se rencontrent pour un face à face émouvant la jeune poupée d'autrefois, « habillée de poussières », et la presque vieille fillette d'aujourd'hui dont les proses discrètes et légères, rieuses par instant, toujours talentueuses, disent l'absence, les heures vides qui tissent leur toile, et cet arrachement que constitue pour l'adolescente l'entrée dans le monde brouillé des adultes : « Sur le carrelage de la salle de bains, une goutte de sang. Minuscule coccinelle. Elle a glissé le long de la jambe et ne s'est pas envolée. »


**

Fabrice Farre, poète (août 2015)

Ton livre ne m'a pas quitté. J'ai été en bonne compagnie. Dans ta maison, j'ai entendu le silence, j'ai vu l'absence. J'ai plongé dans le minuscule, en toute confiance, au risque de m'abandonner, de m'oublier. Merci infiniment pour tes mots, notre rencontre (prolongée à l'infini grâce à ce beau livre).

**


Cécile Oumhani, poète (juin 2011)

J'ai lu La maison morcelée et je voudrais te dire combien j'en ai été émue. Quelle finesse dans l'évocation de cette maison... Fluidité des reflets, subtilité de ces vies minuscules qui la peuplent, elle prend pleinement corps et vie dans tes mots. Elle survit au passage du temps et elle émeut si profondément parce que tu nous fais découvrir que cette maison de l'enfance nous ne la perdons jamais, pourvu que nous soyons attentifs à sa présence dans ces images de la mémoire que les mots de la poète incarnent et donnent en partage. Oui, il y avait beaucoup d'échos. Ton livre m'a tellement touchée, en me ramenant aussi aux odeurs, aux objets qui demeurent en moi, comme en chacun de nous, de ma propre maison de l'enfance.


**

Michel Duflo, poète haïjin (juin 2011)

Je rentre tout juste de longues vacances dans le Sud où j'étais parti avec ton recueil de poésie. Et je voulais te dire combien il m'a plu. J'y ai retrouvé, sous une autre forme, quelques-uns de tes haïkus que tous tu nous distilles aux kukaïs. J'y ai aussi trouvé de formidables, étonnantes et poétiques images. j'ai été emballé, touché, ému même puisque ces histoires de maisons qui se ferment pour toujours, je les connais aussi.
Chapeau, chère Lydia. Comme j'aime à le dire "ça a de la tenue".
Et je sais que je relirai ton petit livre dans quelques mois.








**





Maximine, poète (juin 2011)




"Petites choses de grand-mère, petites vies d'aujourd'hui... Pour chaque ligne, une écriture au charme immense et modeste. Le sens du temps qui va... Merveilleuse Maison morcelée."







**




Jean-Paul Gavard-Perret , poète (juin 2011)


Lydia Padellec Semble en ÉCRIRE musicienne : à l'oreille. Elle est même commandée d'une oreille d'absolue capable de faire suinter les voix fluettes ou inaudibles des choses. Sa poésie est terrestre et atmosphérique. Ses émotions baignent dans le sac de l'amnios de la maison qui plus que jamais n'est « la maison de l'être » qu'évoquait Bachelard.
**